6 mois

Cher lecteurs

6 mois que je n’ai rien écrit sur mon blog.

On aurait pu dire dans ces moments là que le vieil adage « pas de nouvelle bonne nouvelle… » est de bonne augure car 6 mois, c’est à la fois pas grand chose dans la vie mais peut, à la fois representer tellement de choses dans le cadre de la PMA ou même d’une éventuelle grossesse.

J’aurais tellement aimé vous annoncer des nouvelles heureuses . Hélas, la complexité de la vie fait que ce n’est pas le cas.

J’aimerai sincèrement vous raconter en détail la suite de notre parcours. Je n’en ai malheureusement pas encore la force… 

Mais rassurez vous, le fait que j’ai réussi à rédiger ce billet prouve bien que je suis sur la bonne voie.

Je vous remercie de votre fidélité et je vous dis à bientôt


Toutes bonnes choses…

Aujourd’hui…
C’est le D Day et je ne suis pas bien, mon excitation en rapport avec l’arrivée de demain de Marty Mc Fly et du Doc à Hill Valley tout droit venus de 1985 est totalement effacée par l’inquiétude liée au verdict de ce soir. Ma chérie vient de réaliser sa prise de sang Bêta HCG au centre PMA, elle vient de me dire par téléphone qu’elle a versé sa petite larme. Je la comprends, j’ai pleuré aussi ce matin en me réveillant.

Juin 2015

Comme pour chaque tentative ratée, nous avons droit, ma chérie et moi, à une visite chez notre médecin PMA, en l’occurrence, Dr Boss. Habituellement il s’agit d’un banal rendez-vous où nous programmons le protocole de la tentative suivante.
Hélas dans ce cas précis, nous avons eu droit à une annonce qui a tout chamboulé et qui nous a ramené à la dure réalité ; suite au dernier staff PMA, les médecins ont décidé qu’il s’agirait de notre dernière tentative pour la simple et bonne raison que nous avons épuisé le quota des FIV prises en charge par la Sécurité Sociale. Et il n’est pas possible de recourir aux inséminations lorsque l’on a commencé par les FIV.
Au moment de l’annonce j’essaie de toute mon âme comptable faire le décompte dans ma tête mais entre les ICSI, les TEC, les ponctions, impossible de me faire une idée précise du nombre de tentatives effectuées en bientôt 3 ans.
Les faits sont pourtant là, cet épilogue me semblait tellement loin, un peu comme un flambeur qui, d’un coup d’un seul, voit le paiement de sa CB refusée.

Dr Boss, voyant nos visages se décomposer littéralement, essaie de nous rassurer :
« Allez nous allons y arriver! je vous propose un autre traitement qui sera plus long que ceux que vous avez déjà reçu. Il s’agit cette fois ci du protocole long agoniste court avec du Puregon et Decapeptil ».

Ce médecin est formidable, elle essaie toutes les combinaisons possibles pour nous permettre de réussir.

Étant donné que ma chérie venait d’avoir ses dernières règles, le Dr Boss nous propose alors de commencer dès maintenant. Le problème – enfin pour moi c’est un problème – c’est que ça tombera juste avant nos vacances qui auront lieu mi-août.

Je n’ai pas vraiment envie que nos vacances soient plombées par une mauvaise nouvelle. Ma chérie n’était pas vraiment d’accord ; pour elle, les vacances nous permettraient de nous relever si échec, il y a. Après discussion et négociation, le protocole a finalement été reporté à fin septembre, soit après notre retour.
Ouf! En vérité, le fait de démarrer le protocole en juin m’aurait empêché de finaliser la préparation de la fête surprise à l’occasion des 40 ans de ma chérie en juillet, surtout s’il s’agit d’un protocole long!

Nous sommes donc partis en vacances 4 semaines aux Antilles voir nos familles, profiter à fond et enfin nous détendre car plus le temps passe, plus une sensation d’épilogue vient caresser mon esprit.


La mutation du warrior

Mai 2015

Après l’échec de la dernière tentative sous hyperstition, le principal sentiment que j’éprouvais était très certainement de la résignation.

Le fait que, malgré tous les signes de l’univers qui frappaient à ma porte, l’issue restait la même, à savoir, toujours et encore le même échec cuisant qui devenait une habitude fataliste.

Il ne nous restait alors que 2 embryons dont un qui n’a pas survécu à la culture prolongée.

C’est fou comment les chances de survie des embryons s’amenuisent entre la ponction et le transfert… Nous étions pourtant partis confiants avec 10 embryons et maintenant il ne nous en reste plus qu’un.

Dr Boss a voulu enchaîner avec un TEC mais quand on se souvient de la dernière experience de décongélation ratée de l’année dernière j’avais l’impression d’être piégé dans un tourbillon de malheur, alors que l’on est en train, ma chérie et moi, de nous remettre du dernier échec. Sans trop de motivation, nous acceptons qd même de commencer le protocole de stimulation light pour le transfert….sous réserve de la survie du dernier embryon congelé.

Cette stimulation n’a duré que quelques jours et à la veille du transfert, j’avais encore en tête ce que m’avait expliqué la secrétaire la dernière fois concernant le fait que nous ne saurons que le jour J s’il y aura bien transfert. Comme il s’agit d’un TEC l’embryon n’est décongelé que le matin même et étant donné que nous n’avons rdv qu’à 10h30, nous ne pouvons recevoir un appel du labo qu’au réveil ou pendant le trajet en direction du centre PMA.

La nuit qui a précédé a été l’une des plus angoissantes de mon existence. Mon sommeil entrecoupé de sonneries imaginaires de téléphone, un rêve si réaliste dans lequel je réponds enfin a un des multiples appels et on m’annonce que l’embryon n’a pas survécu. Je pleure…

Je me réveille enfin, puis je constate avec encore un peu d’incertitude que ce coup de téléphone n’a jamais eu lieu.

Nous nous préparons et nous nous rendons au centre PMA avec beaucoup d’appréhension. Est ce qu’ils auraient oublié de nous appeler?

Dans la salle d’attente où nous a envoyé la secrétaire du labo il y avait un autre couple aussi nerveux que nous. 2 minutes après notre installation, il fut appelé par un médecin. Nous étions donc seuls dans cette salle qui nous rappelait tant de mauvais souvenirs. Le tec de l’an dernier qui n’a pas eu lieu par exemple!

Après finalement 15 minutes, un médecin, un jeune femme brune que l’on ne connaissait pas, nous appelle. Tous tremblants et fébriles, nous la suivons jusqu’à son bureau.

Elle commence par nous dire :

« – Le transfert aura donc lieu d’ici une petite demi-heure….

Je la coupe (en oubliant toute mon éducation!) :

– Euh….attendez! Vous voulez dire que l’embryon a tenu la décongélation!?

– Euh..ben oui ! vous en doutiez ? »

Je n’y croyais pas, ma chérie non plus, il va bien y avoir transfert !

Deuxième surprise, c’est notre médecin le Dr Boss qui pratiquera le transfert!

Troisième surprise, le transfert aura lieu sous contrôle échographique!

Mais qu’est ce qui se passe ? C’est notre journée ! Incroyable!

Dans la salle de transfert, ma chérie souhaitait écouter une chanson qui lui tenait à cœur, surtout dans ce contexte si particulier. C’était de la musique antillaise, la chanson « Tout va bien » de Marvin.
Je pense que c’est la chanson la plus positive existante sur terre. Elle permet de relativiser face aux problèmes que l’on peut rencontrer. Il y a toujours des situations pires que celles que nous rencontrons.
Cet intermède musical à été coupé par l’arrivée du Dr Boss mais j’avais encore et inlassablement cette chanson dans la tête.

Tout va bien…

Le petit rituel du transfert a été ajouté d’un élément inédit ! L’échographie !

Depuis le temps que je la réclamais! Le Dr Boss prend la fameuse sonde et le fameux gel que l’on voit dans les films et les séries TV! vous savez ? cet instant où le médecin dit à la patiente la fameuse phrase : « Attention ça va être froid » tout en versant le gel sur le ventre. La seule différence est que dans notre cas, il s’agit d’un transfert d’embryon.

Tout va bien…

Comme dirait Baloo, il faut de peu pour être heureux, et je savoure chaque instant du transfert, le Dr Boss me propose même de l’aider ! pendant qu’elle pratique le transfert, elle me demande de tenir la sonde sur le ventre de ma chérie.

En regardant le moniteur, je le vois! Notre embryon représenté par une petite tache blanche ! Mon Dieu! il est là! installé dans la cavité utérine. Pourvu qu’il s’accroche…je l’aime déjà…

L’échographie m’a permis, pour la toute première fois, de me rendre véritablement compte de l’acte médical que nous avions vu pourtant tant de fois auparavant!

Cet embryon était pour moi, beaucoup plus qu’une cellule, c’était un Warrior ! Il a résisté à la décongélation et pour moi ce n’était pas rien, c’était une prouesse de la nature !

Tout va bien…

Les 2 semaines d’attente entre le transfert et la prise de sang furent, comment dire ? Pleines d’espoir.

Nous n’avons pas parlé de cette tentative à notre entourage, si bien que pour le déménagement de ma sœur, nous avons du prétexter une maladie…

Ma chérie couvait un Warrior, il n’y a pas de raison qu’il ne s’accroche pas!

Tout va bien…

Le jour de la prise de sang, pas de signes particuliers. Juste hélas, la déception propre à la PMA, c’est négatif.

Le Warrior a muté….en cellule.

Tout va ….. non…désolé, je ne peux plus fredonner cette chanson digne de la méthode Coué. Je n’en ai plus la force.


Trailer

Houlà! Ça fait déjà 4 mois que je n’ai rien écrit !
Comme je m’en veux… Pour me justifier, je dirais que pour ceux qui connaissent le parcours PMA, le temps est comme accéléré ou ralenti en fonction des protocoles FIV.
Je vous prie donc d’accepter mes excuses pour mon mutisme et je ferais de mon mieux pour continuer à poster plus régulièrement.

Comme vous le savez certainement, notre histoire est racontée avec un décalage temporel, le temps « d’avaler » les bonnes comme les moins bonnes nouvelles, et pour pouvoir les écrire avec un maximum de précision et de recul.

C’est la rentrée scolaire, je finirais donc ce petit billet par une référence quelque peu détournée de cet évènement car c’est aussi la rentrée des séries TV US (no kids inside)! :
The 2nd season of pmasculin starts…..NOW !
(La deuxième saison de pmasculin commence…maintenant)


Hyperstitieux

Je ne veux pas apparaître comme une personne qui généralise tout et n’importe quoi. J’ai beau être athée et avoir l’esprit cartésien, mais je suis sensible aux signes. Vous savez, ces signes qui nous font espérer la concrétisation d’un évènement tellement attendu. Je pense que la culture dans laquelle j’ai grandi y est pour quelque chose, forgée par l’éducation de mes parents, les aïeux, ponctuée de règles de vie, de superstitions, de choses à ne pas faire à tel moment au risque de… à vrai dire, je ne sais toujours pas.
Pour alimenter ma pensée, je vous cite quelques exemples :
– ne pas passer sous une échelle
– ne pas retourner le pain
– ne pas enjamber les jambes d’une tierce personne, attendre qu’elle plie ses jambes pour pouvoir passer….
Je sais, ça peut sembler débile ou exagéré mais je vous jure que c’est comme ça que j’ai grandi!
Au moment où j’ai pris mon envol, quand j’ai emménagé avec ma chérie, peu à peu, ces superstitions, diluées dans la normalité de la vie commune avec ma chérie, ont disparu de mon quotidien.

Depuis que nous avons commencé le parcours PMA, les vieilles habitudes sont remontées à la surface, enfin, il s’agit plutôt d’habitudes inédites, pour être clair, en fait, j’invente des nouvelles superstitions, et ce, pour chaque action que je puisse entreprendre à un tel point que je nommerais cet état d’esprit l’hyperstition. En gros, j’ai créé ce néologisme, pour me démontrer que ma quête du bonheur est semée d’embûches et que chaque signe m’aide à garder le peu d’espoir qui me reste. Dans ces moments d’attente propres à la PMA, je suis du genre à me créer des paris débiles qui consistent à miser sur la réussite du jet d’une boulette en papier dans la corbeille qui signifierait que l’embryon se serait accroché! (Anecdote déjà racontée je sais mais elle méritait d’être bissée celle là !)
Comme si pour un athée comme moi, j’avais tout de même besoin d’un signe provenant de l’univers, quelque chose de symbolique, qui sort de l’ordinaire qui me permettrait de me dire : cette fois ci, c’est la bonne!

Quelques jours après le fameux voyage subliminal, ma chérie a commencé le traitement de stimulation à base de Provames et Ménopur, cette fois ci, des petites doses lui ont été prescrites, afin d’éviter une énième hyperstimulation. La réponse folliculaire s’est faite lentement et progressivement jusqu’au déclenchement.

La ponction a donné 10 ovocytes qui s’ajoutent aux 9 ovocytes déjà vitrifiés plus des paillettes de spermatozoïdes normaux. Tout semble idéal pour multiplier les tentatives! Nous sommes aux anges. Le lendemain de la ponction, j’appelle la secrétaire du labo pour connaitre l’heure du transfert, cette dernière annonce un rendez vous à 9h30 le lendemain.

Petite parenthèse, pour rappel, il s’agit d’une nouvelle secrétaire, et non la garce machiavélique des dernières fois. Cette secrétaire est beaucoup plus transparente et surtout, plus sympathique. Donc, lorsqu’elle m’a annoncé l’heure du transfert, j’ai ressenti le besoin de lui demander si l’heure qu’elle m’a communiqué correspond à une heure d’un hypothétique transfert ou bien celle d’un transfert réellement planifié, elle me répond que s’il n’y avait pas transfert, alors nous aurions déjà reçu un appel du biologiste.

C’est ainsi que, totalement rassurés, nous nous sommes rendus, le lendemain, au centre PMA pour le transfert de 2 embryons. Malheureusement, sur les 19 ovocytes, seuls 5 ont pu être fécondés. Sur les 5 embryons, 1 seul a été vitrifié à J2, 2 ont été laissés en culture prolongée et enfin, les 2 derniers sont prêts à être transférés. La biologiste qui nous a reçu n’a pas voulu nous donner de détail sur la qualité des embryons qui ont été transférés car selon elle, la beauté des embryons ne veut plus rien dire. La seule chose que nous devons garder à l’esprit, c’est que ces 2 embryons, ils ont été sélectionnés pour être transférés. Point barre.

La renaissance de mon hyperstition est apparue dans la salle de transfert. Alors que nous nous attendions que ça soit Dr Boss qui pratique le transfert, qui voyons nous débarquer dans la salle ? Le Dr Iceberg ! Souvenez vous, c’est le médecin qui nous suivait au tout début de notre parcours PMA et que nous avons viré par la suite à cause de son manque d’empathie et de suivi.
Ma chérie était déjà allongée en position gynécologique ! plus moyen de revenir en arrière!
J’étais mitigé dans ma réaction entre taper un scandale et laisser faire les chose avec fatalisme, comme si c’était écrit comme ça et qu’il ne fallait pas réécrire le cours de l’histoire.
Autant vous le dire tout de suite, nous n’avons jamais vu le Dr Iceberg en action puisqu’à l’époque, nos rdv se limitaient à la planification des protocoles.
Alors qu’il était prévu que ce transfert se fasse sous écho guidage, j’étais comme paralysé et hypnotisé par la dextérité du Dr Iceberg, me faisant oublier le fait qu’elle n’a finalement pas utilisé l’appareil d’échographie, tout à l’œil! Les précédents transferts qui étaient difficiles et douloureux pour ma chérie apparaissaient désormais comme un lointain souvenir tant la technique du médecin était précise et douce.
En moins de 5 minutes, le transfert était bouclé. En partant, le Dr Iceberg nous souhaite « bonne chance » qui s’entendait comme un « sans rancune ».
Est ce que, finalement, nous avions mal jugé le Dr Iceberg? Est ce qu’en fait c’est une sorte de Dr House, un médecin infâme mais efficace ? J’ai vu ce transfert comme la structure d’un opéra. La fin de l’oeuvre qui se nomme le Coda et qui ressemble à l’introduction, mais en plus magistrale. La boucle est elle bouclée ? Mon hyperstition est à son apogée à cet instant précis.

Les semaines qui ont suivi, nous avons peu parlé de ce transfert ma chérie et moi, un peu comme si cette accumulation de signes révélaient la réussite de cette tentative, mais également comme si le fait d’en parler pourrait porter la poisse.

Une semaine avant le verdict, nous apprenons que les embryons mis en culture prolongée n’ont pas tenu.

Peu de temps avant le verdict, ma chérie m’a fait part de sensations inédites qu’elle ressentait. Je ne savais pas trop comment réagir face à cette annonce. Est-ce que cette accumulation de signes portés par mon hyperstition étaient vraiment réels ?

Le jour du verdict, j’ai accompagné ma chérie pour la prise de sang. Comme d’habitude nous avons attendu de rentrer à la maison le soir pour écouter le message de l’infirmière…
La suite ? Eh ben je n’ai qu’une chose a dire : Fuck l’hyperstition… 😦


Voyage subliminal

La première expérience CECOS s’avère être quelque chose de mémorable pour l’homme infertile, alimenté de ces petites anecdotes que je qualifierais de subliminales tant les situations peuvent être inédites.

10 mars 2015.

Ah, cette date…on peut dire que je l’attendais depuis un bon moment! Elle a été préparée, programmée en association avec deux hôpitaux différents.

Il a fallu synchroniser les disponibilités de chacune des institutions pour, vous l’aurez deviné, récupérer nos paillettes de donneur.

J’ai bien entendu posé la journée pour l’occasion.

J’avais rdv le matin a 9h30 avec la secrétaire du labo de mon centre PMA pour prendre le thermos que j’avais préalablement réservé depuis un bon mois.

Après avoir versé une caution d’une quarantaine d’euros, la secrétaire me rapporte le « voyageur » ( oui! C’est comme ça que ça s’appelle!). Il s’agit d’un gros bocal en plastique avec un capuchon qui…ne se visse pas! Je fais part de mon interrogation à la secrétaire, et elle me répond, amusée, que c’est normal que ça soit ouvert car la bombonne est remplie d’azote liquide et que si c’était fermé, le gel empêcherait la réouverture. C’est logique en plus! Je m’abstiendrai la prochaine fois que je souhaiterai poser des questions aussi stupides… Mais bon comme dirait mon vieil ami Forest, n’est stupide que la stupidité.

La secrétaire voyait bien que j’étais stressé, elle m’explique donc posément le déroulement de la matinée. Je dois donc apporter le transporteur au CECOS, ces derniers le remplissent de la paillette que nous avons réservé et enfin, je rapporte le transporteur au centre PMA. Facile, dit comme ça ! Mais il faut respecter quelques règles relatives au transport, et c’est la que ça se corse…

– il ne faut pas que le voyageur soit soumis à de trop fortes vibrations. Là, c’est un peu mal barré car mon véhicule a un châssis sport et surtout, la route est défoncée en direction du CECOS. Je n’ai pas osé demander l’impact des vibrations. Je vais donc rouler au pas et faire attention.

– il faut attacher le voyageur avec la ceinture de la banquette arrière.

– il faut que les fenêtres arrières soient ouvertes. Ce jour la, il faisait 10 degrés avec un crachin permanent. Je ne suis pas frileux ça va.

– enfin, il faut que je sois revenu au centre PMA avant 12h. Ouh la! La pression, je n’ai pas intérêt à trainer. Certes, la distance n’est pas si énorme mais nous sommes en heure de pointe et l’A86 est chargée, dixit mon application info trafic.

Ma chérie m’avait accompagné au centre PMA, mais ne pouvait malheureusement pas m’accompagner au CECOS car elle devait faire sa première prise de sang du protocole et vu le monde qu’il y avait, nous ne pouvions pas être synchrones…du moins, nous le pensions.

Me voici portant le voyageur et me dirigeant vers ma voiture dans le parking. J’ouvre les portières arrières et, comme un petit passager, j’installe le voyageur, côté droit pour que, en tant que conducteur, je puisse régulièrement surveiller qu’il ne se renverse pas durant le trajet, malgré le fait qu’il soit saucissonné avec la ceinture de sécurité…

A mon tour de m’installer, j’ouvre les deux vitres électriques arrières depuis ma commande conducteur. Je programme le GPS et je démarre.
Pour la petite histoire, je n’ai pas, mais alors pas du tout le sens de l’orientation! Habituellement je mets mon cerveau en mode off et je me laisse guider aveuglément par la voix de ma chérie qui m’a toujours accompagné jusqu’au CECOS. Cette fois ci je suis tout seul et je délègue le fonction de copilote à mon GPS que j’ai nommé Virginie…bref…

A mi-chemin, mon téléphone sonne, c’est ma chérie, sa prise de sang est déjà terminée. Mince ! Elle aurait pu venir alors! Ça aurait pu être notre première ballade en famille…euhh..j’ai dit ça à haute voix? S’il vous plait, chers lecteurs, oubliez cette dernière phrase, je vous en supplie!

L’autoroute était fluide de mon côté, en revanche, le sens opposé était noir de voitures., ce qui alimentait mon stress déjà enclenché par le fait que la chérie devra m’attendre toute seule 1 bonne heure. Ça doit en faire, des parties de Candy Crush!

Arrivé à destination, je cherche une place de parking : chose impossible, c’est blindé de chez blindé, obligé de me garer à l’arrache, sur le bord de la route. J’avais rdv a 10h et je suis arrivé avec 20 minutes de retard. Dans l’hôpital qui accueille le CECOS, il y a des travaux qui provoquent la réorganisation des services. Pour vous la faire concrète, j’avais rdv dans un service de stomatologie.. Bref.

Deux dames du CECOS m’attendaient patiemment. Je leur donne le voyageur avec une enveloppe que m’a transmis la secrétaire du labo du centre PMA. Elles me font patienter dans la salle d’attente de stomatologie. Aussitôt assis, je vois des patients sortir d’un bureau, deux médecins sortent à leur tour, et l’un d’eux me demande si j’avais rdv, sa collègue lui lance comme si je n’étais pas là, ou même sourd : » non non! c’est quelqu’un pour le CECOS ! » Quel tact! Je dois avoir une tête d’homme infertile qui va chercher des paillettes de donneur…bref….les filles du CECOS reviennent quelques minutes plus tard avec le voyageur et me font remplir des papiers et me transmettent une enveloppe fermée destinée au centre PMA. En les quittant, elles me souhaitent bonne chance.
Je regagne doucement et lentement mon véhicule accompagné de mes gamètes… Oh oui ! Elles sont à moi ces gamètes déportées ! ça fait 2 ans que je les attends celles là!
J’installe délicatement le voyageur sur le siège, j’immortalise ce moment inédit avec mon smartphone et j’envoie cette photo subliminale à ma chérie :
IMG_20150310_103832

Elle me répond aussitôt par un smiley symbolisant son amusement face au côté insolite de la situation.
Je démarre et soudainement, je suis pris par une irrésistible angoisse qui m’empêche d’accélérer… J’ai trop peur de renverser le voyageur ! Je me surprends à rouler à une allure qui semblerait suspecte aux yeux des forces de l’ordre. J’imagine la scène :
Gyrophare qui m’ordonne de m’arrêter sur le bas côté. Avec l’accent du sud (cliché..) « bonjour monsieur, gendarmerie nationale, vos papiers s’il vous plait.
– il y a un problème monsieur l’agent ?
– monsieur, vous roulez trop lentement par rapport aux limitations ce qui peut être dangereux, d’ailleurs que transportez vous a l’arrière ?
– je peux vous expliquer, en fait il s’agit d’un thermos rempli de paillettes…
– de paillettes de quoi monsieur ?
– euh…en fait… ce sont des paillettes de sperme.
L’agent sort son arme, le pointe vers moi et hausse le ton.
– Monsieur! Sortez du véhicule!! les mains derrière la tête!!! A plat ventre!! A plat ventre!!! »
Cette scène imaginaire est interrompue par le portique du parking du centre PMA. Je suis déjà arrivé. Je ne me suis pas rendu compte du trajet de retour, tellement absorbé par la peur, comme hypnotisé.
J’arrive a 11h30 et me précipite vers le secrétariat du labo.
« Tout s’est bien passé ? me demande la secrétaire.
– Euh. Oui ! tout s’est passé sereinement ! Lui mens-je
Je lui rends le voyageur puis je rejoins ma chérie en la couvrant de baisers pour la remercier de sa patience.
FIV ICSI D n°1 : c’est parti !


Génération Y

Un jour, je croise un ami d’enfance que je n’ai pas vu depuis le collège. A l’époque c’était un boute-en-train, il m’influençait dans les décisions débiles de pré ado qui avaient pour conséquences des heures de colle ou autres punitions. C’était une époque où, en tant que pré-pubère, je cherchais à me forger une personnalité et la sienne me correspondait totalement ; il était sur de lui, il sortait avec des filles, en revanche dans le domaine des études à proprement parler, il avait bcp de difficultés, donc je l’aidais en français et en anglais, c’était une sorte d’échange de bons procédés et je me complaisais dans ce partage.
Les années de lycée nous ont séparé et je n’ai plus eu aucune nouvelle….jusqu’à ce fameux jour.

Il travaille maintenant en tant que préparateur de commandes dans une usine et il a …deux enfants dont il me montre les photos. Une fille et un garçon dont il est tellement fier, sa fierté est tellement évidente et communicative qu’à un moment, je suis obligé de couper court à la conversation prétextant que je suis en retard. Mais il me retient :
« Oh mais arrête ! Ça fait longtemps que nous nous sommes par revus! Toi aussi tu dois avoir beaucoup de choses à me raconter ! Tu travailles dans quel domaine ? T’es marié ? Des enfants? »
Les deux premières questions ne me posent aucun problème et j’y réponds avec une fausse modestie et un vrai zèle, car oui, je suis fier de ma carrière professionnelle et de ma situation matrimoniale :
 » bah écoute, je suis cadre comptable dans une société boursière à la Défense et je vis avec ma compagne avec qui je suis pacsé, nous sommes propriétaires d’une maison en proche banlieue parisienne. »
A ce moment là, je sens bien que je me suis tiré une balle dans le pied ! Car ces dernières annonces se présentent comme un appel à la curiosité de mon compère. Gagné ! Il me demande :
 » – Wow! Et sinon j’imagine que tu as des enfants pour remplir cette maison! T’en a combien?
– euh…ben en fait j’en ai pas et j’en aurais peut être jamais. En fait, quand j’étais petit, j’ai été victime d’une erreur médicale de la part de mon pédiatre qui a eu pour conséquence, en grandissant, une azoospermie, en gros une stérilité définitive, c’est d’ailleurs pour cette raison que ma compagne et moi avons fait appel à un donneur de sperme pour espérer avoir des enfants…nous en sommes à la 4 ème tentative de FIV ..enfin…la 1ere avec donneur! car on a pu me retrouver 300 spermatozoïdes il y a deux ans de cela quand on ma opéré des testicules, mais malheureusement, ça na pas fonctionné….  »
OK! OK ! j’aurais pu lui répondre ceci! Mais quelque chose m’en a empêché, un sentiment de honte, de gêne, le fait d’être jugé, je ne sais pas. En réalité, je me suis contenté d’un :
 » des enfants ? Euh non ! Pas encore! Mais on y travaille! »

Voilà, on est en plein dedans! Nous, les trentenaires, la génération Y. Cette génération qui ressent cette frustration chronique. Cette génération qui envie ses propres parents qui ont connu la faste période des francs, à cette belle époque où tout était moins cher : L’immobilier, les carburants, tous ces éléments qui sont devenus problématiques de nos jours. La société de consommation ne nous aidant pas à nous contenter de ce que nous avons déjà, nous en voulons toujours plus, et toujours plus vite.

Moi, je n’ai qu’un souhait, c’est celui que vous savez… oui en effet : avoir un enfant.

Être un homme infertile issu de la génération Y ne m’aide pas vraiment à être serein. Le fait de croiser tous les quatre matins des personnes de mon entourage qui l’annoncent tour à tour des naissances ne font que renforcer un certain mal-être, ceci provoquant des réactions paradoxales.
Je m’explique : je veux qu’on me plaigne…mais surtout, je ne veux pas que l’on ait pitié…. Toujours pas compris? OK…En fait je veux que l’on ait une attitude normale avec moi…mais je ne veux pas que l’on me parle de certains sujets tout en restant transparent et franc.
Bon ok… J’avoue ne pas être clair…
Allez! Une petite anecdote.
Mon meilleur ami connaissait des problèmes de procréation avec sa femme ; elle faisait systématiquement des fausses-couches. Ils ont donc effectué des examens pour essayer de comprendre ce qui clochait.

Pendant ce temps, nous venions d’essuyer un 3 ème échec de FIV, ma chérie et moi. J’étais donc dépité à cette époque, c’est d’ailleurs à ce moment que nous avions décidé de partir en vacances à l’île Maurice pour lâcher prise.
Peu avant notre départ, j’ai bu un verre avec mon meilleur ami et je lui ai raconté mes malheurs. Il connaît parfaitement nos problème et il est toujours de bon conseils, mais surtout, il m’écoute d’une oreille attentive. Ca fait déjà 18 ans que nous nous connaissons.
4 mois plus tard, il m’annonce que sa femme est enceinte de….7 mois!! En fait, il n’avait pas osé me l’annoncer la fois où nous nous étions vu car j’étais, à priori, à ramasser à la petite cuillère. Et il voulait me laisser partir sereinement en vacances.
Ma réaction sur le coup, j’ai pris cela comme une trahison, comme un coup de poignard et surtout la sensation d’être un être à part avec lequel il faut prendre des pincettes.
Avec du recul je me rends compte qu’il s’agissait d’un acte très fort d’amitié. Je lui suis reconnaissant de m’avoir épargné pendant cette période dans laquelle j’ai besoin de me changer les idées.
Merci mec 😉
Voilà en gros ce que je veux dire, mes réactions peuvent être paradoxales. Déjà, je suis de nature susceptible, ensuite, je suis de cette génération de laissés pour compte donc quand il s’agit de la fertilité des autres, je le prend personnellement, je crie à l’injustice et il m’arrive même d’en pleurer de colère comme un enfant qui n’a pas eu le jouet qu’il convoitait tant.

Bon, il y a quand même des avantages à en faire partie, de cette génération Y. En tant que Geek confirmé et passionné des nouvelles technologies, j’ai grandi avec l’évolution des jeux vidéos, des téléphones portables qui remplacent les cabines téléphoniques, le passage de la TV à tube cathodique à l’écran plat, le remplacement du minitel qui m’a permis de consulter les résultats de mes examens par les fondations de l’ère Internet avec le modem 56 kbps, le début de l’ADSL, la découverte des réseaux sociaux avec MSN, mon premier PC acheté à Montgallet….Bref tout ça pour vous dire qu’en tant que trentenaire de la génération Y, il y a une richesse culturelle que je souhaite transmettre avec nostalgie à mon enfant qui lui, grandira avec les technologies qui seront bien avancées.

En ce qui me concerne, j’ai un peu de mal avec les réseaux sociaux, la preuve, vous vous souvenez des retrouvailles avec mon vieil ami ? Hé ben, c’était sur Facebook.

 


Le dossier vert

Il pèse bien 3 kg il mesure environ 40 cm en hauteur et 10 en épaisseur, félicitations! c’est un dossier PMA!

Je me souviens que ce dossier, de couleur noire, nous avait servi à l’époque, peu avant notre entrée en PMA pour rassembler nos documents relatifs à l’achat de notre maison, destinés à la banque et a l’agence immobilière.
Peu a peu, la fonction de ce dossier a évolué car dés notre premier rdv avec le Dr Iceberg, en octobre 2012, j’avais vidé ce dossier pour y mettre nos premières feuilles d’ordonnance puis au fur et à mesure, venaient s’ajouter, les nouvelles ordonnances, les fiches d’hospitalisation pour les ponctions de ma chérie et pour mes biopsies, les comptes rendus chirurgicaux, de laboratoire, les prises en charge 100% de la sécu, les copies d’arrêt de travail, les bilans hormonaux, les spermogrammes (toujours à zéro), le caryotype, des bonnes (rapport de biopsie positive) et des mauvaises nouvelles (rapport de biopsie négative), pour transformer ce dossier qui était en premier lieu qu’une chemise classique, en pavé épais qui aurait pu servir d’arme si nous étions en mai 68.

En janvier 2013, à l’occasion de notre premier rdv au CECOS, je n’ai pas voulu mélanger les documents PMA avec ceux du CECOS, surtout qu’à l’époque, tous les espoirs étaient permis car nous n’avions pas encore commencé les tentatives. En piochant dans notre pseudo économat, je suis tombé sur une chemise plastifiée verte et j’y ai mis les attestations sécurité sociale, les cartes de groupe sanguin, les attestations de vie commune, nos photos d’identité et la convocation du CECOS.

En juillet 2014, pour le rdv avec la psychologue du CECOS, cette chemise que nous surnommerons le dossier vert, qui commençait à prendre la poussière, nous y a accompagné mais n’a jamais été ouvert car nos cartes d’identité suffisaient pour ce rendez vous.

En Octobre 2014, la greffière du tribunal nous avait demandé d’apporter nos fiches d’état civil, c’est ainsi que, munis de notre dossier vert, nous avons comparu devant le juge afin d’obtenir le consentement de don de sperme.

En Janvier 2015, le CECOS est désormais une part intégrante de notre parcours PMA, c’est ici que les paillettes que nous avons si patiemment attendu pendant maintenant 2 ans, vont nous être confiées. A cette occasion, nous prenons avec nous notre désormais fidèle dossier vert.

Le jour du rdv, dans la salle d’attente, je prends quelques prospectus, puis je reconnais la gentille doctoresse qui nous avait accueillis 2 ans auparavant (déjà…), que nous appellerons Dr CECOS. (Il s’agit pourtant d’une femme douce et gentille, et non d’une femme dure et sécos… Sans mauvais jeu de mots… bon…OK, je m’enfonce dans mes calembours pourris…Bref…passons!)
Donc, Dr CECOS nous accueille dans son bureau et nous annonce vouloir faire le point avec nous. Nous lui expliquons dans les grandes lignes notre parcours durant ces deux dernières années puis lui annonçons que nous sommes prêts à passer a l’étape suivante, à savoir, avoir recours au don de sperme. Quelques jours avant ce rdv, ma chérie me faisait part de son inquiétude sur la rareté des paillettes de donneurs d’origine antillaise et ses craintes ont été confirmées par le Dr CECOS. Elle nous explique n’avoir trouvé que deux donneurs d’origine antillaise et que malheureusement les paillettes ont des caractéristiques particulières :

Le groupe sanguin du premier est différent du notre, ce qui nous oblige de dire à l’enfant qu’il est issu du don, nous a expliqué le Dr, mais nous lui répondons que c’était notre intention de toutes les façons.

Le second possède un groupe sanguin identique au notre, ce qui est déjà un bon point, mais il ne reste que deux paillettes, par conséquent, nous serons obligés à avoir recours à une nouvelle FIV ICSI.

Bizarrement, et contre toute attente, nous optons pour le second donneur, certainement parce que nous savons que 7 ovocytes nous attendent au frais…et puis la FIV sera bien plus simple avec des spermatozoïdes « normaux » comparé aux précédentes avec mes spermatozoïdes immobiles!
Ensuite le Dr CECOS prend une feuille de papier et commence à dessiner un arbre généalogique pendant que ma chérie énumère les membres de sa très grande famille, le but étant d’identifier les maladies génétiques redondantes certainement pour les croiser avec celles du donneur.

Avant de partir, nous apprenons que le Dr CECOS est une super copine du Dr Boss, ce qui facilitera ce suivi tripartite. Enfin elle nous laisse son adresse email sur un post-it pour qu’on lui envoie les sérologies mises à jour avec CMV (Cytomégalovirus, infection pouvant causer des lésions pour le fœtus)
Je le range dans le dossier vert et à cet instant précis, je prends conscience que nous sommes arrivés à une nouvelle étape.
Je ne sais pas pourquoi j’ai pris un dossier de cette couleur, le vert…serait ce un vert de rage car nous nous battons depuis maintenant 3 ans pour avoir notre petit nous avec des haut et des bas, j’avoue, il y a en effet des moments où je perds espoir.
Peut être que finalement la couleur à été inconsciemment choisie, le vert qui symbolise l’espoir.

Ce dossier vert nous suivra désormais dans nos futures tentatives, l’ancien dossier servira d’archive.

En rentrant à la maison j’ouvre le dossier vert, et je tombe sur un prospectus que j’avais pris dans la salle d’attente du CECOS, illustrant un spermatozoïde entouré d’un ruban avec cette phrase inscrite :
Le plus beau des cadeaux n’est pas forcément le plus gros.

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La PMA en PME

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On entend souvent les parents dire qu’avoir des enfants implique beaucoup de sacrifices vis a vis du boulot. Dans le cas des couples en PMA, les sacrifices sont déjà présents et ce, même avant la conception.

Le travail a toujours été pour moi le moment dans lequel je me sentais véritablement exister socialement.

Ça a commencé en 2002 lorsque mon école a pu me dénicher un contrat en alternance de 2 ans pour valider mon diplôme. C’était un poste dans les assurances. Déjà ces premiers pas dans ce monde si particulier et inconnu m’ont permis de goûter au prestige des entreprises cotées au CAC40. Une fois mon diplôme obtenu, j’ai enchainé des missions d’intérim dans d’autres grandes entreprises jusqu’au jour ou j’ai décroché mon premier CDI, fin 2006 au siège d’une banque française.

A partir de ce moment là, ma seule et unique obsession était de grimper les échelons pour gagner toujours plus d’argent et me sentir comme une personne qui a réussi sa vie. En 2008, je m’achète ma première voiture neuve, une voiture confortable, celle qui a le plus de place à l’arrière de sa catégorie (j’en dirais pas davantage car ma voiture fera l’objet d’un article qui lui sera consacrée). Peut être qu’inconsciemment, je me préparais a être un bon père de famille avec une voiture familiale… Bref.

Au cours de ma carrière dans cette entreprise, je me suis crée un vaste réseau de collègues qui sont peu a peu devenus des amis. Et plus le temps passait, plus les annonces de paternité et de maternité s’enchaînaient dans mon entourage. Ben oui, quand on gravite autour de la trentaine, on ne peut pas y échapper.

Moi qui pensais tout avoir, je commençais à ressentir ce manque que vous connaissez tous, celui de fonder une famille. Le déclic a eu lieu en 2010, lorsque ma chérie a changé de travail et que nous voulions attendre la fin de sa période d’essai de 6 mois pour arrêter la pilule.

La suite, 2012, annonce de l’azoospermie, et début des multiples rendez vous en semaine, car vous le savez très bien, les centres PMA ne donnent de rendez vous qu’en semaine et il faut s’organiser avec son travail.

L’avantage quand on bosse dans une banque, c’est que l’on peut rester opaque sur la raison de nos absences car nous ne sommes qu’une goutte d’eau dans l’immensité de la masse salariale et surtout, nous avons un nombre insolent de jours de congés, je pouvais donc poser un jour par ci, un jour par là, ce qui me rendait serein dans les démarches.

Mon infertilité, je n’en parlait pas. Au départ, je voyais cela comme une tare qui ne collait pas au décor. Tout le monde était normal sauf moi. J’étais un jeune cadre dynamique infertile. En réalité, j’avais tort, ma collègue qui était assise juste à coté de moi pendant des années, m’a avoué, lors d’une sortie, qu’elle a tout essayé avec son compagnon pour avoir un enfant mais il ont décidé de tout abandonner et de passer aux démarches d’adoption. C’est toujours comme ça que ça se passe, c’est toujours lorsque l’on part d’un endroit, que l’on en sait plus sur les autres. En fait j’ai reçu cette confidence, peu après l’annonce d’un Plan Social dans mon entreprise, c’est certainement dans ces moments là que les gens s’ouvrent un peu plus aux autres. En même temps, parler de son infertilité au travail, est vraiment l’opposé de raconter les moindres faits et gestes de ses enfants. C’est pour cette raison que je préfère en parler aux collègues qui sont très proches et qui, eux, n’ont pas d’enfants parce que les pères et mères de famille te coupent automatiquement des conversations ayant pour thème les enfants, de peur que nous soyons blessés…. mais il ne se rendent pas compte que c’est plutôt ce comportement qui nous blesse. (enfin… je crois, je traiterais plus tard, dans un autre article, le thème des réactions paradoxales des personnes en PMA !)

 A l’annonce du fameux PSE, j’ai pris le temps de réfléchir à ma décision de rester ou pas dans cette grande entreprise. Il s’agissait d’un risque que je n’aurai certainement pas pris si j’avais des enfants…enfin je ne sais pas, ce fantasme d’être un bon père de famille doit certainement fausser mon opinion. Quoi qu’il en soit je lai pris ce risque et il s’est avéré payant dans le sens ou j’ai trouvé un nouveau job en un temps record.

Je suis passé d’une entreprise empirique à une simple PME qui est certes une filiale d’un grand groupe mais sans en avoir les avantages. Adieu les 9 semaines de congés et bonjour à la normalité et aux congés sans solde. Adieu à la discrétion de mes absences et bonjour aux absences remarquées.

C’est très simple, tout le monde connait tout le monde et tout le monde connait tout sur tout le monde, pour être clair, garder un secret relève de la performance digne d’un agent double de la CIA. Les pauses à la cafet ressemblent à un épisode type de Caméra Café : Les RH qui discutent ouvertement des pathologies des salariés en arret maladie, les directeurs friands de jugement de valeur envers leur collaborateurs,…ça s’annonce mal !

Les premiers mois dans cette entreprise, je ne parlais pas trop de ma vie jusqu’à ce fameux soir ou j’ai terminé très tard car c’était la clôture annuelle comptable. Je rentre donc accompagné de mon directeur. C’est un homme d’une bonne cinquantaine, proche de la retraite. Il habite à environ un kilomètre de chez moi, nous faisons donc le trajet ensemble.  Il me demande si j’ai des enfants je lui réponds que non. Et il insiste ; il me demande si c’est un choix où si nous avons des difficultés à en avoir. Je lui réponds que ce n’est pas un choix. Il me confie qu’il a une fille qui a 19 ans et que lui aussi est passé par la PMA. Avec son épouse, ils ont fait une IAC, à une époque où les techniques n’étaient pas aussi avancées que maintenant. Il me dit ensuite qu’il ne faut pas perdre espoir.

Je ne suis pas rentré dans les détails de mon parcours, mais depuis ce fameux soir, toutes les fois que j’ai dû poser une journée, j’ai juste eu à lui préciser que c’était en rapport avec la PMA et il l’acceptait sans me poser plus de questions. c’était le seul qui était au courant de ma situation.

En bref, vis à vis de ma direction, les contraintes liées à la PMA ne posent plus aucun problème.

Au fur et à mesure des mois, je devenais ce qu’on appelle un workaholic, celui qui travaille pour oublier ses problèmes, celui qui reste tard. Je me suis rapidement rendu compte que ça ne sert à rien, au contraire, ça nuit à ma santé et mon couple, quoi de mieux que de profiter de la soirée avec ma chérie ? Je me suis donc ravisé.

La seule chose qui me déplait dans cette entreprise, mais je pense que ça existe aussi ailleurs, c’est les à priori des autres. En voici un florilège :

Elle est carriériste, c’est pour ça qu’elle n’a pas d’enfants

Quoi tu as une maison et pas d’enfant ? il faut activer !

La PMA, c’est pas le truc avec les homosexuels et la GPA? (bon ok, j’avoue que la PMA, je ne connaissais pas avant d’y être confronté! mais n’empêche que quand on ne sait pas….)

Dans une société, les gens pensent savoir tout sur les collègues sauf que, très souvent, la vérité est tout autre.

En conclusion, concilier entreprise et vie de famille fait parti des mœurs pour bon nombre de personnes. Il faut juste ouvrir son esprit et se dire que ceux qui souhaitent vivre cette vie de famille se battent bec et ongles pour éviter que la vie professionnelle en pâtisse.

En ce qui me concerne, j’ai arrêté de me prendre la tête avec ma carrière, je pense qu’en cette période PMA, tout restera en stand by jusqu’à la prochaine étape tant attendue. L’étape du bon père de famille.

 

 


JE SUIS CHARLIE

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Bonne année.
2015 commence assez durement au vu des événements dramatiques qui se sont déroulés à Charlie Hebdo.
Mercredi 7 janvier 2014 19h00. Nous sommes en direct de la Défense, il fait déjà nuit et en marchant pour accéder au RER je tombe sur un panneau d’affichage, habituellement publicitaire, qui m’interpelle. Sur un fond noir, je vois inscrit les 3 mots que nous connaissons tous maintenant : JE SUIS CHARLIE.
C’est à ce moment là, en parcourant les réseaux sociaux, que je me rends compte que cette phrase est un cri d’unité en hommage aux victimes de ce terrible attentat.
Pourquoi je vous décrit cela ? Tout simplement parce que nous trouvons actuellement dans mon univers. La finance, les costards cravate, un monde individualiste, cette foule qui parcours le parvis tous les matins et tous les soirs, organisée comme un nid de fourmis se dirigeant vers les tours toujours de plus en plus hautes.

En fait, je réalise avec l’expérience que tout statut social y est représenté malgré l’image que les médias peuvent  véhiculer.
C’est pour cette raison que je veux vous décrire le quotidien d’un homme actif qui vit la PMA mais je ne vais pas mélanger les thèmes. Ça fera l’objet du prochain article.
Je suis juste ému que même à la Défense, malgré sa froideur, l’hommage est si intense.
L’heure est maintenant au recueillement.
#JESUISCHARLIE